Alors que l’école publique est de plus en plus en tension, la ministre de l’enseignement supérieur a annoncé vouloir mettre en place un « label qualité » pour l’enseignement privé.
La marchandisation de l’éducation s’accentue de jour en jour avec de nombreux labels créés par l’état qui permettent la reconnaissance de certains diplômes du privé leur donnant plus de légitimité. Sylvie Retailleau a d’ailleurs annoncé lors de sa conférence de rentrée vouloir créer, dès l’année prochaine, un label qualité permettant de garantir la qualité des diplômes dans le privé qui prendrait en compte « le temps consacré à l’accompagnement de l’étudiant, la stabilité de la gouvernance, la transparence sur les conditions d’admission et sur les droits d’inscriptions. »
Les écoles privées financées à plus de 70% par l’État.
L’État favorise depuis des années les écoles privées. Dans l’aspect économique, avec notamment la loi Debré de 1956 (transposé maintenant dans le Code de l’Education) qui organise le financement public des écoles privées sous contrat d’association avec l’Etat (97% d’entre elles). Les enseignants sont rémunérés par l’État, cependant, leurs retraites dépendent du régime général et des caisses de retraites complémentaires, ce qui leur octroie un taux de cotisations plus fort que leurs confrères du public. L’État accorde une aide, mais en contrepartie les programmes doivent être les mêmes que dans l’enseignement public. Ils gardent leurs « caractère propre », y compris religieux, c’est donc une manière indirecte pour l’État de financer l’église catholique puisque 90% des écoles privées sont catholiques.
L’école publique est de nos jours délaissée pour le privé qui se voit être la solution de repli de nombreux parents ayant les moyens économiques qui sont d’ailleurs aidé financièrement avec la loi Marie-Barangé qui subventionne les parents qui scolarisent leurs enfants dans le privé à hauteur de l’équivalent de 60€ par an.
¼ des étudiants du supérieur dans le privé
Ce schéma se produit dans le primaire, mais aussi dans le supérieur car aujourd’hui environ 25% des étudiants se tournent vers des écoles privées. Parcoursup a accentué l’intérêt et le privé dans le supérieur a su devenir ces dernières années la solution de repli pour de nombreux étudiants. De nombreux étudiants se voient contraint de s’inscrire dans ce type d’école car aucune solution dans le public ne leur convient. Par ailleurs, avec les aides pour l’alternance, nombreuses sont les formations privées à proposer une école qui devient gratuite pour l’étudiant puisque l’école est alors financée par l’état et l’entreprise.
Ce système à deux vitesses risque d’accentuer les inégalités et d’affaiblir lourdement le système scolaire, c’est d’ailleurs ce qui se passe pour la Suède à cause du poids et de l’automatisation de l’enseignement privé qui crée une fuite de l’enseignement public.
Chloé Douard