Le candidat gagnant des élections législatives en Pologne, propose d’autoriser l’IVG pour toutes les femmes qui le demandent, jusqu’à 12 semaines de grossesse. Les militants(tes) pour l’IVG n’y croient pas.
Les militants(es) ne croient pas à la possible évolution de l’accès à l’avortement
Alors qu’on pourrait croire que le parti-pris sur l’avortement de Donald Tusk plairait aux femmes polonaises, Natalia Broniarczyk, la co-fondatrice de l’association “Abortion dream team” a déclaré dans le magazine Télérama qu’elle ne lui accordait aucune confiance. “Il a fait beaucoup de promesses qu’il n’a pas tenues. Il ne défend aujourd’hui la légalisation de l’avortement que parce que cela lui rapporte des voix”
Donald Tusk a gagné les élections législatives ce 18 octobre 2023 en Pologne, avec 54 % des voix, une victoire qui est due au vote en masse des femmes. Ce candidat a exercé le plus long mandat de Premier ministre de la IIIe République, en Pologne grâce à une réélection en 2011. Il a d’abord été député, puis sénateur et vice-président de la chambre haute polonaise. Il a cofondé le parti Plateforme civique (Platforma Obywatelska en polonais, abrégé en PO). Un parti libéral-conservateur, démocrate-chrétien et pro-européen, situé entre le centre et le centre droit.
Karolina Gierszewska a 35 ans et milite contre l’avortement depuis que l’arrêt du Tribunal constitutionnel a limité la disponibilité de l’avortement en Pologne, elle coopére avec ADT (Abortion Dream Team) et aide tout types de personnes à avorter. Pour elle le problème va au delà d’augmenter le temps de grossesse pour avorter :
“Je ne sais pas si Tusk aura le courage d’abolir la clause de conscience, invoquée par les médecins et les pharmaciens. Plus précisément, lorsqu’ils refusent de pratiquer un avortement ou de prescrire des contraceptifs, y compris la pilule du lendemain”. Nous apprend-elle.
“L’avortement a toujours été un problème pour les néo-libérales, y compris Tusk”.
Pour avorter en Pologne il faut respecter certains critères
Aujourd’hui l’avortement en pologne n’est autorisé qu’en cas de danger pour la vie ou la santé de la personne enceinte, si la grossesse découle d’un viol ou d’un inceste. Mais il est très rare d’avoir des ordonnances légales. Chaque année, des milliers de femmes et personnes enceintes quittent la Pologne pour interrompre leur grossesse dans d’autres pays européens. Les femmes qui se trouvent dans des situations précaires, dépendent de l’aide cruciale des organisations de la société civile, qui disposent souvent de ressources limitées.
“J’ai moi-même avorté lors du précédent mandat du gouvernement de Donald Tusk, entre 2012 et 2013, et j’ai eu exactement la même chose que des milliers de personnes en Pologne aujourd’hui. Paradoxalement, de mon point de vue, l’accès à l’avortement était encore pire à l’époque, car je ne savais interrompre une grossesse pharmacologiquement que parce que j’étais impliquée dans le milieu des militantes féministes. Aujourd’hui, il est beaucoup plus courant de savoir qu’un tel avortement est possible en Pologne (et qu’il est sans danger). Bien entendu, cela ne reste qu’une option pour les habitants des grandes villes ou pour ceux qui peuvent payer les 75 euros de transport. Après 2020, les manifestations ont popularisé cette connaissance.” nous témoigne Karolina.
La pologne était pourtant un pays avant gardiste au sujet de l’avortement. Vers 1960 Les raisons légales pour avorter étaient plus élargies, et les motifs sociaux pris en compte. Une avancée majeure. Puis dès 1993 Les motifs sociaux ont été supprimés des raisons légales pour avorter. Un pays qui n’a fait que de dégraisser puisqu’en Octobre 2020 le tribunal constitutionnel polonais a interdit pour la première fois l’avortement en cas de malformation du fœtus.
Le changement s’est créé sans les élections
Pour notre militante, ils n’ont pas besoin de Donald Tusk pour changer les choses :
“Le changement est déjà en train de se produire, indépendamment des politiciens et des élections. Depuis 2020, je porte un pin’s « J’ai avorté » sur mon sac à dos et je n’ai reçu que des réactions positives. Quoi qu’il arrive, nous continuerons à faire notre travail et à aider aux avortements.”