Un facteur crucial est souvent négligé dans l’entraînement des athlètes féminines : c’est l’impact du cycle menstruel. Ce critère physiologique reste largement marginalisé et rarement intégré dans les programmes d’entraînement.
89% des entraîneurs aux Jeux olympiques de RIO étaient des hommes
Les athlètes sont majoritairement entraînés par des hommes qui, eux, n’expérimentent pas le cycle menstruel. Il peut donc se révéler parfois compliqué de partager ses symptômes à son coach par crainte des réactions.
Patricia Costantini, ancienne entraîneure de l’équipe de France de volley-ball, a observé l’influence des entraîneurs sur les athlètes. “L’entraîneur a un ascendant extraordinaire sur les jeunes et elles osent très peu remettre en cause les consignes, décisions et demandes des entraînements, donc elles vont passer outre ce qu’elles ressentent, leurs craintes et ainsi elles vont avoir des actions ou des comportements qui vont être à risque et qui vont entraîner des blessures et un mal-être psychologique“.
Une situation qu’elle a d’ailleurs personnellement expérimentée puisqu’elle entraînait, à l’époque, une athlète qui n’avait plus ses règles. “Personne n’avait fait le rapprochement entre un surentraînement, une mauvaise alimentation et la nécessité de mettre cette jeune fille au repos, et je n’ai su ces éléments que très longtemps après.”
Un tabou encore trop présent dans le sport
Dans le sport de haut niveau, il est attendu des athlètes d’être performantes tous les jours. C’est pour cela qu’elles n’osent que rarement parler de leurs règles à leurs entraîneurs. Estelle Gallant, membre de l’équipe de France de volley assis nous expliquait qu’avant de se faire poser un stérilet, elle souffrait de douleurs intenses liées à ses règles douloureuses : “Quand j’avais des douleurs menstruelles, je me forçais à aller aux entraînements et je ne me stoppais pas. Avec l’adrénaline ça passait, mais en rentrant chez moi les douleurs s’accentuent, je m’adaptais”. L’entraînement n’était donc pas adaptée à ses douleurs et l’athlète subissait de graves répercussions en rentrant chez elle.
Le cycle menstruel, un outil d’aide à la performance encore peu utilisé
Selon Juliana Antero, chercheuse à l’INSEP, le cycle menstruel peut avoir des effets positifs si l’on apprend à bien s’en servir. “Pour réaliser une belle performance, on a besoin de trouver un équilibre entre plusieurs éléments : la nutrition, le sommeil, les volumes et l’intensité de l’entraînement et aussi le cycle menstruel”.
L’observation précise du cycle menstruel de manière détaillée et régulière peut permettre une adaptation nutrition, sportive et psychologique qui améliore les performances sportives.
Seulement, cet outil reste très peu utilisé et les entraînements sont généralement calqués sur les entraînements des hommes puisque la recherche est majoritairement réalisée sur la physiologie masculine.