Les Jeux Olympiques de Paris à l’été 2024 verront arriver une nouvelle disciplines sportive, le breaking ou breakdance. Elle prendra la forme de deux épreuves féminines et masculines séparées. Une division qui fait débat dans la communauté de ce style de danse à la frontière étroite entre l’art et le sport.
La célèbre place de la Concorde se verra animée le samedi 9 et dimanche 10 Août prochain. Trente-deux danseurs de breaking (ou breakdance) s’affronteront dans le cadre de la toute nouvelle épreuve des Jeux Olympiques de Paris. Cette édition complètement paritaire pour la première fois de l’histoire verra 16 B-Girls et 16 B-Boys séparés en deux épreuves distinctes. Une division qui n’est pas passée inaperçue aux yeux des membres de la communauté. En effet la mixité des styles mais aussi des genres est une valeur importante du mouvement Hip-Hop dont est issu le Breaking.
Si au départ cette danse se voyait plutôt dansée par des hommes, on retrouve aujourd’hui une population très variée de breakers. Cependant aujourd’hui les athlètes féminins et masculins qui s’entraînent pourtant ensemble n’auront pas l’occasion de se départager pour une médaille d’Or cet été. Pour le B-Boy Kyl, professeur au Break Dance Crew, il s’agit d’une déception : “Ils ont favorisé le côté sport, donc le côté performance et ils ont oublié
le côté art […] c’est là où on rentre dans le débat : Est-ce que ça ne bloque pas notre discipline ?”. Pour lui, l’absence de mixité relève en effet d’une volonté du Comité International Olympique de privilégier la performance physique au devant de la performance artistique. Ainsi pour garantir une équité des sexes, ils choisissent de ne pas mettre en compétition les physiques féminins et masculins.
Une séparation pour mieux juger C’est aussi l’argument que mettent en avant le B-Boy NEOSAN membre de l’équipe de France de Breaking et la B-Girl Kané breakeuse professionnelle, mais avec un avis opposé. Pour Kané ce choix est au contraire plus
juste ”C’est tout à fait normal de faire la séparation des deux, en dehors du niveau, c’est vrai que la configuration d’une femme est différente de celle d’un homme. Les hommes ont un physique plus fort pour faire des mouvements plus durs; même dans le cardio […] Pour une femme ça demande beaucoup plus de travail.” Le B-Boy NEOSAN quant à lui justifie ce choix du CIO et met en avant un système de jugement cohérent : “C’est vrai que la manière d’évaluer un sport avec des critères artistiques très fort chez nous, ça a fait un peu polémique au début […] Aujourd’hui beaucoup de personnes sont d’accord pour dire qu’on est arrivé à un système complet et qui prends en compte toutes les dimensions de la danse”.
Si la question reste en débat aujourd’hui et que de nombreux breakers comme Kyl semblent participer à une forme d’évitement de ces jeux, la solution du CIO semble cependant plus juste. Les Jeux Olympiques étant une compétition sportive, c’est la prouesse physique qui sera principalement évaluée et la séparation des genres endeux épreuves assure alors une forme d’équité.
Lou Freychet-Escudier & Jules Corneloup