Naples et Paris sont deux villes directement impactées par le ciné-tourisme. Cet impact est dans un premier temps très positif, puisque l’afflux massif de touristes renforce l’économie dans ces deux villes. Mais la vision fantasmée transmise à travers l’écran rend parfois les ciné-touristes particulièrement exigeants.
Le ciné-tourisme est une manière de voyager à travers laquelle une personne ayant regardé un film ou une série décide de se rendre sur les lieux du tournage. Le but est de suivre les traces des personnages, afin d’en découvrir un peu plus. Ce type de voyage est bénéfique pour les villes en question, tant en termes économiques que sociétaux. Cependant, en s’y rendant, les touristes espèrent retrouver la même ville que celle dépeinte à travers l’écran, ce qui crée parfois de fortes désillusions.
Le ciné-tourisme, moteur de l’économie locale.
A Naples et à Paris, la vie des habitants dépend entre autres du tourisme, et par conséquent, du ciné-tourisme. En effet, ces villes sont célèbres pour de nombreux tournages de séries. A Naples, nous avons rencontré Laura Inarta, auteure d’une thèse en ciné-tourisme. Elle nous explique que l’impact de ces séries est un tremplin pour la ville, au niveau économique. “L’exposition cinématographique de Naples, et par conséquent le ciné-tourisme, ont permis une revalorisation des lieux. Les hôtels, les restaurants ou encore les bars ont connu une renaissance”. De la même manière, à Paris cette fois, nous sommes allés à la rencontre de Thierry Rabineau, propriétaire de la boulangerie Rabineau, qui apparaît dans le second épisode d’Emily in Paris. Il nous a fait part d’un impact plus que positif sur les revenus de son commerce. “Avant, pendant les vacances, notre chiffre d’affaires chutait. Depuis la série, on est tout le temps à l’étal. Lorsque les parisiens partent en vacances, les touristes les remplacent. Je pense qu’au total on doit gagner entre 15 et 20 % en plus”.
Des attentes fantasmées
L’une des séries les plus notoires filmée à Naples est Gomorra. Tournée dans le quartier de la Scampia, elle montre la ville sous un angle violent et criminel. Ainsi, lorsque les ciné-touristes découvrent la ville, ils prennent conscience qu’elle n’a rien à voir avec celle dépeinte dans la série. “Tout est romancé. Le vrai Naples c’est l’accueil, la gentillesse, l’amour et la passion. Naples est aussi à découvrir pour ses paysages absolument magnifiques”, ajoute Roberta Inata, fondatrice de l’Ecole de cinéma de Naples. Cette fracture entre réalité et fiction peut créer de fortes désillusions. En effet, en lisant certains avis Google de la boulangerie Rabineau d’Emily in Paris, on comprend que les ciné-touristes sont devenus exigeants. On peut par exemple lire des commentaires comme : “Pas aussi bon que la série le laisserait croire” ou encore “C’est cher pour pas grand chose. Emily in Paris c’est bien du cinéma”. Ce à quoi Thierry Rabineau répond : “Nous sommes une boulangerie de quartier, artisanale. Elle n’a pas pour vocation de rivaliser avec Pierre Hermé ou Cyril Lignac”.
Manon COUPE