Selon le rapport Technologia, le suicide de ces agents serait liés à leur métier, soulignant un « contexte de travail hostile » sur fonds de « climat social néfaste ». Le cabinet évoque aussi une forte « résonnance institutionnelle » des suicides en 2023.
Même les institutions de la République ne sont pas épargnées par les drames humains. La réunion du comité social et économique central (CSEC) de la Banque de France s’est déroulée au petit matin du mardi 23 avril dans une ambiance morbide. A la suite de trois suicides survenus au sein de l’entreprise durant le mois de juin 2023, un rapport d’expertise du cabinet spécialisé Technologia a été demandé par les représentants du comité pour enquêter sur ces cas. Des cas de maltraitance et de risques psycho-sociaux sont notamment mis en cause.
Le rapport pointe une corrélation entre les nombreux changements survenus au cœur de l’institution de ces dix dernières années et le contexte de travail hostile pour les employés pesant ainsi sur le climat social de la société. Selon Technologia, cette transformation « a eu des conséquences fortes sur le travail des agents, dans toutes ses dimensions », nécessitant « la plus grande vigilance » au regard de la santé mentale des salariés.
« Maltraitance et risques psycho-sociaux »
A la suite du suicide de l’une des trois personnes, une lettre avait été laissé par ce dernier à l’encontre de son employeur, laissant présager que la restructuration de l’établissement n’était pas le seul facteur en cause : « Je fais cet acte contre la Banque de France. (…) Je demande à tous ceux qui peuvent de faire un procès contre la banque pour maltraitance et RPS (risques psycho-sociaux, ndlr) ».
Le cabinet évoque aussi une forte « résonnance institutionnelle » des suicides en 2023. Selon le Technologia, nombreux sont les salariés de l’entreprise à déclarer une « charge de travail alarmante qui semblent critique ». Un salarié sur six affirme même vivre des « violences relationnelles d’un certain degré ». Malgré la dénonciation flagrante d’un management toxique émanant du long rapport de 519 page à l’encontre de la Banque de France, la direction reste sourde aux conseils de cette dernière. Cette affaire fait écho à un drame similaire survenu à France Telecom après qu’une crise sociale en 2008 ait poussé plusieurs dizaines de leurs salariés à mettre fin à leur jour. Dix après, en 2019, la sentence était tombée : q uatre mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amendes à l’encontre de l’ancien PDG d’Orange, ex-Télécom, Didier Lombard et six cadres et dirigeants. Quid de l’affaire en cours au sein de la Banque de France ? A suivre.
Jessy Lemesle